Sur nos chantiers de reboisement, nous comptons sur une équipe énergique, dynamique et professionnelle qui fait de PAMM un leader dans son domaine. Les efforts déployés en matière de logistique et de livraison des plants, ainsi que d'écoute et d'encadrement des travailleurs font depuis longtemps la renommée de l'entreprise. Nos hauts standards de performance et de qualité permettent à nos équipes de reboisement de mettre en terre plusieurs millions d'arbres annuellement. Ainsi, depuis sa création, près de 200 millions d'arbres ont été reboisés au Québec par l'entreprise.
Dans cet esprit d'excellence et de dépassement, nous sommes en recherche constante de candidats prêts à relever le défi.
L'affaire avec le planting...
L'affaire avec le planting, c'est que tu peux pas juste arrêter d'y penser.
Tu commences à y penser au début du mois de janvier. En fait, non, tu y penses depuis le mois de septembre, mais tu évites d'en parler parce que tu ne veux pas trop frotter dans la face de ta femme que tu as hâte de repartir passer 4 mois tout seul dans le bois. Pis tu t'es fait mal au genou au mois de décembre et comme tu n'étais plus trop certain de tes plans, ben t'en parlais pas trop. Mais là t'es au mois de février, ton genou va mieux pis le plan tu le connais par cœur.
Tu ne penses plus au nombre d'arbres que tu veux planter, ou à ton chèque de paye. Ça fait longtemps que tu n'y penses plus à ces trucs-là. C'est pour les rookies, ces trucs-là. C'est pas pour l'argent que tu reviens au planting.
C'est pas pour les amis et les partys non plus. Tu te rends compte qu'au planting tu deviens asocial. Tu n'essaies pas à tout prix de te faire des amis. Tu ne te forces pas à bien t'entendre avec tout le monde.
Ça fait longtemps que tu as réalisé que t'as tous les amis qu'il te faut dans la vie pis que t'as pas besoin de courir après, les amitiés viennent par elles-mêmes. Quand t'arrives à 30 ans et que t'es marié, tu ne te dis pas : ah faudrait ben faire quelque chose là c'est le night off à soir les gens vont me trouver plate. Tu te dis plutôt : Nice, j'vais appeler Eveline pis me coucher de bonne heure, j'vais être en forme demain!
Pis c'est pas plus mal. Parce que de toute façon, t'as assez fait le party pendant les 10 dernières années pour sauter ton tour quand ça te tente pas vraiment.
C'est sûr que t'as hâte de revoir tes patrons parce que c'est du bon monde. T'as hâte de revoir le gars du Saguenay pis ses histoires, les gars de party pis leurs niaiseries, de jaser avec des profs pis des ingénieurs. De jouer au golf pis à la balle-molle pendant tes days off. Mais c'est pas ça qui te ramène au planting. Tu peux jouer au golf quand ça te tente!
Parce qu'il va mouiller. Il va faire frette. Il va peut-être même neiger. Pis à un certain moment il va se mettre à faire chaud. Tellement chaud. Les mouches vont sortir. Tellement de mouches. Tu sais que tu vas te faire dévorer comme un buffet à volonté. Mais ton chèque de paye ne va pas te tenir au chaud et tes amis ne vont pas venir te gratter les mollets pendant que tu essaies de dormir parce que les mouches noires se sont infiltrées dans tes leggings.
Tu vas passer 10 heures de ta journée tout seul dans le bois. Sur le moment présent, que tu fasses 10$ de l'heure ou 100$, ça ne change absolument rien. Tu n'es pas en voyage dans les Caraïbes, en Europe ou chez vous en Gaspésie. Les belles filles qui plantent en top de sport sont toutes seules dans leur coin aussi pis tu les vois pas de la journée. Si c'est juste ça ta motivation, tu ne pourras pas t'en sortir. Remarque, ce qui est vrai pour le planting est vrai pour le reste : si t'aimes pas ton travail, le reste ça compte pas, parce que pendant ces 10 heures là, tu te fais chier!
Je plante parce que j'aime ça. Je descends du camion, je le regarde s'en aller tranquillement. Je suis tout seul avec mes arbres et ma pelle. Je regarde les montagnes. J'écoute le vent dans les arbres, les oiseaux. Je commence à planter. Les mains dans la terre, dans l'eau, dans l'herbe. J'espère avoir la chance de voir un orignal ou un chevreuil aujourd'hui. J'espère peut-être voir un ours. En même temps j'espère quand même ne pas voir un ours.
Quand j'ai faim je m'arrête. Je m'assois sur une bûche et je mange ma sandwich. Il y a de la terre dessus. I don't give a fuck! Je mange de la terre. Whatever! Je regarde les nuages bouger. Je me demande s'il va pleuvoir. Je mets mon imper dans mon sac au cas où et je recommence à planter. Je pense à Eveline un peu, je m'ennuie. Puis j'essaie de compter combien d'arbres j'ai plantés aujourd'hui : 6 bag-ups de 10 bundles de 20 pins pis de 15 bundles de 15 épinettes ça fait combien ? Incapable de le calculer. Je repense à Eveline. J'essaie encore de compter. Je pense à Eveline. Je pense à des voyages.
Mon cerveau est bien trop occupé avec la gestion du terrain et le ''hand-eye coordination'' pour effectuer un simple calcul. Chaque fibre de mon corps est stimulée et se concentre sur le prochain microsite, sur le prochain obstacle à franchir, le prochain arbre à planter. Mon cœur qui bat si vite.
Je me sens tellement en vie!
Je me sens tellement bien!
Mon bureau c'est une bûche pis un tas de terre. Je mange avec les mains sales. Des fois je peux mettre le même linge 2-3 jours de suite même s'il dégouline de boue et de sueur à la fin de la journée. Je prends le même déjeuner pis je mange la même sandwich à tous les jours pendant 4 mois. Le soleil, les mouches, le froid, ça me passe 10 pieds par-dessus la tête!
C'est juste moi, dans le bois, qui plante des arbres. Ça me rend heureux.
C'est ça qui me ramène au planting. Ce n'est pas les gens ni l'argent, la gloire ou l'impression de sauver le monde. C'est juste le feeling de vivre le moment présent.
...
Je regarde le ciel, il commence à pleuvoir. Pas assez pour mettre mon imper. C'est juste une petite averse, ça va faire du bien.
Richard Barcelo
Reboiseur